Pour bien comprendre les explications qui suivent, il faut
toujours garder à lesprit ces trois composantes qui interagissent pour imprimer des
efforts à la coque.
Dans le cas de mon Requin, et jespère quil en va
de même pour le votre, toute les pièces de bois sont en bonne état et aucune trace de
pourriture nest visible. Je parts donc du principe que toute les pièces citées ci
après sont aptes à subir ces forces.
Ces trois forces sont indissociables et pour au moins deux
dentre elles, elles sont concentrées dans la même région (autour du mât).
Le secret de létanchéité, au près notamment, est de
pouvoir annuler ces forces. Deux méthodes sont alors possible. Soit on surdimenssionne
les pièces de bois pour que celle ci ne se déforment pas. Soit on essaye dannuler
les forces en créant des liaisons pour que celle ci sannulent.
Cest bien évidemment la deuxième solution que
jai choisi.
Au près, les haubans tirent le bord au vent vers le haut.
Dans la construction, les cadènes étaient prises directement sur les bordées. Avec les
années (et surtout si vous avez adopté un gréement plus raide avec un mât alu par
exemple), les trois ou quatre bordées concernées ont de plus en plus de mal à encaisser
cette traction importante. Doù des ovalisations des trous des vis des cadènes et
parfois les rivets qui tiennent ces bordées cassent, si bien que lors de la traction, les
bordées remontent.
Le mât fait subir une compression directe à la quille car
il repose directement dessus par lintermédiaire dune simple cale.
Puis vient le rappel du lest dont nous parlerons plus tard.
Jexclue volontairement la pression de leau.
Le premier objectif est donc de maîtriser ces deux forces,
qui sont les plus directes, à savoir la traction des haubans et la compression du mât.
La première est souvent traitée car il y a souvent urgence
mais la deuxième est souvent injustement ignorée. En fait, les deux sont à relier. Les
haubans tirent vers le haut et le mât appui vers le bas. Déjà vous voyez que si on
arrive à relier les deux forces, comme elles sopposent on peut les annuler en
grande partie.
Sur les Pouvreau, il ny a pas de varangues en pied de
mât et comme vous le verrez plus loin, lemplacement des varangues est un véritable
vis de construction sur ces Requins.
Cest déjà en soit une aberration car des varangues
permettrait de répartir plus largement la force de compression du mât qui est très
importante. Elle peut favoriser une déformation de la coque à cet endroit, doù
une prise deau par les coutures des bordées qui souvrent sous la
déformation.
En même temps, les haubans au vent tirent vers le haut
favorisant cette déformation et louverture des bordées.
Il y a alors plusieurs écoles. Jai pour ma part, dans
une première tentative, doté mon Requin de plaques de cadènes fixées aux trois
principales membrures qui se trouvent autour du mât. Sur les Pouvreau, elles sont plus
épaisses que les autres et sont très résistantes. Cela a très bien fonctionné
jusquà ce que je navigue dans la brise et jai alors tout bonnement arraché
les membrures de leur logement dans la quille car elles ny sont fixé que par une
pointe en cuivre qui na pas longtemps supporté cet effort.
Le seule est vraie bonne solution consiste à relier le pied
de mât aux cadènes. On peut y parvenir tout en renforçant cette région en créant une
nouvelle structure à cet endroit.
Tout dabord, vous déposez le pied de mât et les
cadènes.
A la place de la cale qui sert de pied de mât, vous faites
trois nouvelles varangues. Elle nont pas besoin dêtre très épaisse, 30 mm
suffisent, par contre elles doivent être positionnées de manière à pouvoir recevoir
une membrure en lamellé collé qui passera exactement à lemplacement des cadènes.
Ces membrures doivent être dun seul tenant dune serre bauquiére à
lautre. Cela fait, vous pouvez replacer vos cadènes dont les efforts seront
directement transmis au pied de mât. Evidement elles seront un peu plus rentrées mais je
déconseille de les placer entre la nouvelle membrure et le bordé à cause des
infiltrations deau. Noubliez pas de relier ces nouvelles membrures à la serre
bauquiére par des boulons.
Comme il est quasi impossible de percer le lest en fonte, les
varangues seront fixées à la quille par des tire-fond. Posez une carlingue sur le sommet
de ces trois varangues, elle formera votre pied de mât.
Pour parfaire la rigidité de cet élément, vous pouvez
ajouter des équerres reliant les cadènes aux barreaux de pont.
Bravo ! Vous avez maintenant un ensemble cadène/pied de mât
très cohérent avec de très bonnes liaisons.
Mais et la force de rappel du lest ?
Cest là que cela se complique !
Comme vous envisagez de renforcer les liaisons entre les
différentes forces dont nous parlons vous vous dites quil serait bon que la
carlingue qui sert de pied de mât soit un peu plus longue et quelle reprenne une
partie des boulons de leste. Et bien vous avez raison ! Un boulon se trouve
dailleurs juste en avant de votre nouvel ensemble. Or vous sous apercevez avec
horreur que non seulement il naboutit pas dans une varangue mais dans une sorte de
cale mais en plus quil est beaucoup trop court pour être relié à votre ensemble.
Comme vous travaillez sur la transmission des forces,
cest alors que vous vous demandez comment la force de rappel du lest est transmise
à la coque et aux varangues qui sont lélément de liaison principal de cette zone.
Vous venez de vous rendre compte du principal défaut des
Requins Pouvreau. Les boulons de lest naboutissent pas dans les varangues mais dans
des sortes de cales à lutilité très douteuse. Cest donc la quille qui
transmet leffort de rappel du lest aux varangues !
Sur la plupart des Pouvreau elle est dailleurs
largement fendue dans laxe des boulons par le dessèchement du chêne mais surtout
par cet effort très important. Livrez vous maintenant à une petite expérience.
Saisissez à pleines mains la varangue qui se trouve dans le cockpit près de la porte et
secouez la franchement. Il y a de grandes chances pour quelle bouge !
Vous venez alors de découvrir deux choses :