ÉRIC TABARLY, Salut ! |
A Madame et Monsieur Berthet Jean-Marie
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Noirmoutier en lIle, le
12.8.99
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Dans une profonde nuit où les astres tus
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Duniverselle conspiration tous complices,
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Tu voguais, la mer, ainsi que des déserts nus,
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Dune encre épaisse bannissait tous artifices.
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Tu allais sans méfiance, habitué des tempêtes.
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Les pièges tendus, à dautres insurmontables,
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Pour tes exploits passés étaient de pâles fêtes,
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Lhomme défiant la roche y voyait grains de sables.
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Ton esprit de tous dangers connaissant les tables
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Dinnombrables calculs autour de la planète,
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Des frères celtes du nord, tous très redoutables
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Recevait lhommage qui térigeait leur faîte.
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Et voici quen une bascule minuscule,
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Le titan de toutes mers, laigle docéans,
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Dans une piètre trappe où lunivers recule,
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Lhomme hors du commun tu rejoins les néants.
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Et la nuit, sétalant pesante sur ton gouffre,
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Dun deuil planétaire couvrant toute âme fière,
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Atteignit en plein cap tout ce qui aime et souffre
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Et dans ce monde bas aspire à la lumière.
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Fanal indompté que naltérait louragan,
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Une goutte téteignit, tout simplicité
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Tu méprisas le sort qui te promeut géant.
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La vague, des bottes, un très humble ciré,
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Dans un grand au revoir voici ton vêtement.
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Cette nuit fut très sombre. Sa force athlétique
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Défiant le froid, leffort, na t-il pas survécu ?
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Un héros est homme, ladversité oblique,
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Tabarly, dans sa perversité ta vaincu.
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Dors parmi les grands noms et les preux anonymes.
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Le monde toujours crise a besoin de fanaux
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Signalant les chemins et éclairant les cimes.
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Ton mât balise pour nous, trace les chenaux.
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Quelquefois par siècle, lumière didéal,
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A coalitions des forces obscurantistes,
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Lhomme se dresse, dissipe le sort fatal,
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Et à la vulgarité ouvre dautres pistes.
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Vis toujours parmi nous, quaux assauts gigantesques
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Des bruts déchaînés, par tes si fines manuvres,
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Ton esprit damour, et tes efforts titanesques,
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Notre simple parcours sinspire de tes uvres
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Miroir de volonté qui frappe tout amure,
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Celle divine, dont la foi est la mesure.
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La mer, coulant ennemi, démente, la mer
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Contre le roc où heurte mon crâne en cherchant,
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La mer est tendre ce soir, câline la mer
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De mon grand désespoir me gronde doucement.
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Pierre le Roch |